Spécificités du cannabis en Californie : la part d’ombre de l’or vert

La Californie est surnommée par les américains le Golden State, comprenez l’état doré. Elle doit son surnom à son climat ensoleillé, mais aussi et surtout à l’espoir des colons espagnols d’y trouver de l’or au XVIe siècle. Depuis quelques années, c’est pourtant un or vert qui fait des émules sur la côte pacifique des États-Unis : le cannabis. Souvent présentée comme l’eldorado de la marijuana, la Californie entretient pourtant avec elle une relation plus complexe qu’il n’y parait. Retour sur les spécificités du cannabis en Californie, du point de vue des consommateurs, des cultivateurs et des revendeurs.

Histoire de l’autorisation du cannabis en Californie

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Le cannabis est légal en Californie, pour tous types de consommation, depuis 2018

La Californie est définitivement un état pionnier de la légalisation du cannabis, aux États-Unis et dans le monde. Aujourd’hui, seulement huit états (sur 52) continuent de considérer la marijuana comme totalement illégale. La Californie occupe néanmoins le devant de la scène. Il faut dire qu’avec ses 40 millions d’habitants, elle est l’état le plus peuplé et celui entretenant les liens les plus étroits avec la plante.

Trois dates clés sont à mettre en évidence :

  • 1996 : autorisation du cannabis thérapeutique
  • 2016 : dépénalisation de la consommation de marijuana à usage récréatif
  • 2018 : légalisation complète du cannabis

Depuis le 1er janvier 2018, la légalisation a permis de redorer l’image publique du cannabis, qui n’est plus systématiquement présenté comme une drogue dure ou une substance qui amène à d’autres drogues. La Californie est également devenue le deuxième plus gros marché cannabique au monde, derrière le Canada.

Acheter du cannabis en Californie

À première vue, les smoke shops californiens sont particulièrement bien gardés. À l’extérieur, avec leurs agents de sécurité, ils pourraient passer pour des banques ou des clubs très privés où il faut montrer patte blanche. Pourtant, il suffit de présenter sa carte d’identité ou son passeport et prouver avoir plus de 21 ans, l’âge légal aux États-Unis pour pouvoir y faire ses achats librement. À l’intérieur, les étals sont aussi zens et designs qu’un Appe Store, tranchant radicalement avec l’image encore relativement sulfureuse de la plante. Acheter du cannabis en Californie lorsqu’on est majeur est donc on ne peut plus facile.

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Il suffit d’être âgé de plus de 21 ans pour acheter librement du cannabis dans le Golden State

En tant que touriste

En tant que touriste ou résidant de Californie non-américain, la règle est la même : être majeur. Si vous voyagez, attention cependant à ne pas tenter de prendre l’avion avec du cannabis californien. Même acheté légalement, il pourrait vous attirer de nombreux problèmes. Voyager à travers les États-Unis avec du cannabis californien n’est pas non plus conseillé puisque, si de nombreux états autorisent désormais sa commercialisation, le cannabis reste interdit au niveau fédéral. Il est, jusqu’à ce jour, reconnu comme « substance dangereuse de catégorie 1 ». Cette catégorisation bloque tout projet lié à la marijuana (terme légal aux États-Unis pour le cannabis avec plus de 0,3% de THC), y compris lorsqu’il s’agit de recherche scientifique.

Le statut légal du cannabis au niveau fédéral pourrait cependant évoluer avec la légalisation progressive de plus en plus d’états, dont New York qui autorise sa détention et consommation depuis mai 2021. Le Président Joe Biden ne compte quant à lui par le légaliser complètement, mais envisage de le changer de catégorie afin de faciliter la recherche scientifique à son sujet.

Vendre du cannabis en Californie : un processus complexe

Vendre du cannabis en Californie est un peu plus compliqué que d’en acheter. Les revendeurs doivent ainsi se soumettre à un long processus de certification avant d’être autorisé à ouvrir un dispensaire et vendre librement ses produits. Il n’est ainsi par exemple pas possible de choisir librement le lieu de son point de vente. La loi encadre en effet assez strictement les distances minimales à respecter avec les écoles, les églises ou encore les zones résidentielles. Des règles de sécurité précises s’appliquent également, tant au niveau de la surveillance des stocks que de la configuration du building (épaisseur des murs entre autres).

En plus des contraintes logistiques, il faut compter avec les obligations financières liées à l’ouverture d’un dispensaire. Ainsi, les frais d’acquisition de la licence peuvent facilement atteindre quelques milliers de dollars, à ajouter aux frais annuels de renouvellement. Enfin, 15% des recettes et 10% des ventes reviennent à l’État. Il faut donc un projet solide pour envisager de se lancer dans la vente de cannabis en Californie. Une fois l’ensemble des étapes administratives passées, le business s’avère heureusement la plupart du temps rentable.

Cultiver du cannabis en Californie

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La loi californienne avantage les gros producteurs de cannabis

Il est autorisé de posséder six plants pour un usage personnel. Lorsqu’il s’agit de production à visée commerciale cependant, la culture de cannabis répond désormais à des règles environnementales et sanitaires très strictes, imposant notamment la traçabilité des produits. Un bon point pour le consommateur, mais une barrière pour les plus petits producteurs.

Avec la légalisation totale, devenir producteur de cannabis californien est devenu un processus difficile et qui demande un investissement important, tenant le marché à l’écart des petits producteurs et renforçant la position de monopole des gros acteurs de la filière.

Lorsque l’usage était simplement médical, de nombreuses petites fermes pouvaient en effet développer relativement facilement leur culture et proposer leurs variétés. Avec l’autorisation du cannabis récréatif, les réglementations se sont durcies et il est devenu impossible de cultiver sans licence officielle. Un petit fermier producteur de cannabis thérapeutique il y a quelques années peut ainsi facilement avoir à débourser 200.000 dollars pour se mettre aux normes, en plus des nombreux tests à passer. Une somme colossale pour la plupart des exploitations qui ne peuvent se le permettre à moins de trouver des investisseurs et jouer le jeu de la start-up nation. Conséquence directe, de nombreux fermiers se sont tournés vers d’autres produits, abandonnant totalement la cannabiculture. D’autres ont préféré continuer et écouler leurs stocks sur le marché noir, avec tous les risques que cela comporte. En 2018, année de la légalisation, 98% des fermiers cultivaient ainsi sans permis.

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