Face à un problème de santé, la douleur, qu’elle soit ponctuelle ou chronique, est l’un des défis les plus difficiles à relever. Lorsque les antalgiques légers ne suffisent plus, les analgésiques prennent le relai. Parmi eux, un en particulier sert de référence : la morphine. Considérée comme l’un des médicaments antidouleur les plus efficaces, elle n’est cependant pas sans effets secondaires et entraîne une dépendance forte. D’où la question qui nous intéresse ici : le cannabidiol (CBD), lui aussi antidouleur, peut-il être associé à la morphine dans le cadre de la lutte contre les douleurs ?
CBD et morphine : deux molécules pour lutter contre les douleurs

Comme le CBD (extrait du cannabis), la morphine est extraite d’une plante : le pavot somnifère
Morphine : le plus efficace des antidouleurs ?
La morphine est le principal alcaloïde issu du pavot. Il s’agit donc d’une molécule d’origine végétale, extraite de l’opium, le nom donné au latex du pavot somnifère. Cette plante en apparence inoffensive (vous savez, les beaux coquelicots rouge vif que l’on admire dans les champs) est un puissant antidouleur, à la fois soporifique et calmant.
Sur le plan médical, la morphine est largement utilisée pour apporter du confort aux patients. Elle est tout particulièrement prescrite dans trois situations :
- La lutte contre la douleur,
- Le soulagement de la détresse respiratoire,
- Les soins palliatifs (accompagnement en fin de vie).
La morphine est l’un des antidouleurs les plus efficaces et les mieux maîtrisés par la communauté scientifique. Elle n’est néanmoins pas dénuée d’effets indésirables. À court terme, elle peut entraîner constipation et nausées. Plus rarement, sa prise s’accompagne de vomissements, de problèmes respiratoires ou de confusion mentale. Elle entraîne également une forte dépendance, apparaissant très rapidement, après une à deux semaines d’utilisation seulement. Cette dépendance est à la fois physique et psychique.
CBD : une action contre la douleur sans effets secondaires
Le CBD est un cannabinoïde, un principe actif naturellement produit par le chanvre (ou cannabis, il s’agit de la même plante). S’il est aussi populaire, c’est parce qu’il cumule les propriétés vertueuses tout en s’accompagnant d’effets secondaires minimes et rares. Popularisé à la fin des années 2010 auprès du grand public, il est pourtant étudié depuis les années 1960 et son action sur le corps humain a été démontrée, notamment à travers sa capacité à interagir avec notre système endocannabinoïde (SEC). Il est ainsi désormais courant de consommer du CBD contre la douleur. Il serait également décontractant pour les muscles, anti-inflammatoire et antidépresseur. Il est d’autant plus intéressant dans la lutte contre la douleur qu’il n’est ni psychoactif (comme son cousin le THC) ni addictif.
Les traitements au CBD peinent à arriver en Europe. D’ailleurs, le CBD n’est pas considéré comme un traitement, même si des essais cliniques sont en cours pour tester son action sur l’organisme, notamment contre les douleurs liées à la sclérose en plaques, mais aussi contre les nausées entraînées par la chimiothérapie et contre les crises d’épilepsie. On trouve néanmoins déjà des crèmes anti-inflammatoires au CBD et des dérivés parfaitement légaux, comme les huiles CBD, les fleurs ou encore la résine.
Peut-on associer CBD et morphine contre la douleur ?

Le CBD permet de lutter contre la douleur sans effet secondaire majeur ni dépendance
Une étude de 2019 s’est intéressée à l’utilisation conjointe de morphine et CBD dans le cadre du traitement de la douleur chez la souris et chez le rat. Selon les tests de douleur et les cannabinoïdes utilisés (il s’agissait, dans ce cadre précis, de cannabinoïdes de synthèse), les résultats observés ont été différents. La conclusion de l’étude évoque néanmoins la capacité des cannabinoïdes à produire un effet additif ou synergique avec la morphine.
Cela ne signifie pas qu’il faille systématiquement associer morphine et CBD. Pour autant, cette synergie peut être étudiée et mieux comprise avec pour espoir, à moyen terme, de trouver des solutions de traitement de la douleur à base de CBD et de morphine. En effet, l’objectif en associant les deux molécules n’est pas tant d’ajouter un produit pour réduire la douleur, mais plutôt de petit à petit réduire l’utilisation de morphine et, pourquoi pas, de l’arrêter lorsque cela est possible.
Y a-t-il un risque d’interaction médicamenteuse ?
Il ne semble pas contre-indiqué de consommer à la fois de la morphine et du CBD. Néanmoins, une étude a mis en avant de possibles interactions médicamenteuses entre le cannabidiol et certains traitements conventionnels. La liste de médicaments mise en avant concerne avant tout des antidépresseurs, mais certains antalgiques sont également concernés. En cas d’interaction, les effets des opiacés et du CBD ont tendance à s’ajouter ou se potentialiser (la fameuse synergie évoquée plus haut). L’ampleur de l’effet est néanmoins difficile à anticiper, c’est pourquoi il est conseillé de ne pas consommer les deux produits en même temps, mais plutôt d’espacer les prises de quelques heures. Si vous êtes sous morphine, parlez dans tous les cas de votre volonté de consommer du CBD à votre médecin traitant !
Le CBD comme piste de résolution de la crise des opioïdes ?
Le CBD est une piste pour limiter l’addiction à la morphine et aux autres opioïdes en cas de douleurs
Les opioïdes, dont fait partie la morphine, sont la première cause de décès prématuré lié à la consommation de stupéfiants. Pour les seuls États-Unis, les opioïdes sont responsables de plus de 500’000 morts au cours des 20 dernières années. À l’origine de la désormais célèbre crise des opioïdes américaine, on ne retrouve pourtant pas des dealers, mais bel et bien des laboratoires pharmaceutiques et la sur-prescription de médicaments antidouleur très addictifs comme l’oxycodone. Les nombreuses addictions ainsi créées ont par la suite développé un marché noir et la popularisation du tristement célèbre fentanyl. 50 fois plus puissant que l’héroïne et 100 fois plus puissant que la morphine, il est consommé par toutes les franges de la population.
Les propriétés antidouleur des cannabinoïdes, et pas seulement du CBD (rappelons que le cannabis est légal aux États-Unis, du moins dans certains états dont la Californie), laissent entrevoir une opportunité de limiter les effets secondaires liés à la consommation d’opioïdes.