Légalisation du cannabis au Canada, première analyse

Le 17 octobre 2018 est entré dans l’histoire du cannabis. Il s’agit en effet de la date à laquelle la légalisation du cannabis au Canada est entrée en vigueur. Depuis, il est possible de consommer du cannabis sans craindre d’être inquiété par la loi, y compris pour un usage récréatif. Plus d’un an après son autorisation, qu’est-il advenu de la consommation de marijuana au Canada et quelles ont été les effets sur le marché noir ? Weedy.fr analyse les premiers résultats.

Pourquoi légaliser le cannabis au Canada ? Contexte historique

legalisation cannabis canada
Ottawa a été le premier Gouvernement du G20 à légaliser le cannabis

Le Canada a beau être l’un des premiers pays à légaliser le cannabis, il n’est pourtant pas le seul. L’Uruguay et certains états américains y ont ainsi pensé les premiers. Pourquoi alors la dépénalisation canadienne fait-elle tant de bruit ? Probablement parce qu’il s’agit du premier pays du G20 à sauter le pas. Un exemple qui nous touche au plus près en Europe, et peut-être même encore plus en France, en Belgique ou au Luxembourg où nous partageons une culture, voire une langue commune.

La décision n’a cependant pas été prise sur un coup de tête. Au Canada, le cannabis était interdit au niveau fédéral depuis 1923. Une première campagne de décriminalisation notable a pourtant pris place dès 2003, à travers les efforts du Premier Ministre libéral Jean Chrétien (projet de loi C-38).

La consommation et la culture étaient donc déjà possibles à tout citoyen détenteur d’une ordonnance recommandant la prise de cannabis obtenue d’un médecin canadien. En donnant accès au pouvoir à un autre libéral, Justin Trudeau, en 2015, les canadiens ont permis à celui qui avait fait de la légalisation du cannabis au Canada une promesse de campagne d’aller au bout de ses idées. Le débat a en effet joué un rôle pivot dans la campagne électorale fédérale de Justin Trudeau. Son mot d’ordre ? Éliminer les profits du trafic organisé.

Comment s’organise la vente de cannabis légal au Canada ?

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La production de cannabis légal au Canada est un marché florissant

Le Canada est un état fédéral. Il existe donc des disparités entre les différentes provinces. Au Québec par exemple, c’est la SQDC (Société québécoise du cannabis), filiale de la Société des alcools du Québec, qui en gère la vente. Bien que société d’État, elle agit comme n’importe quel revendeur privé, permettant notamment aux consommateurs de commander en ligne en toute confidentialité.

Du côté des producteurs, le marché est en plein développement. Cannopy Growth, numéro un mondial de la culture de cannabis s’est par exemple installé à Tweed (Ontario) où leur production a été multipliée par plus de 10 au premier semestre après la légalisation du cannabis au Canada. Ils y mettent au point toutes sortes de produits, tant récréatifs que médicaux : gélules CBD, huiles CBD et joints pré-roulés notamment.

Boutiques légales Vs. Marché noir, un choix pas toujours évident

Là où le bât blesse est que le marché noir constitue toujours l’essentiel des ventes. Les chiffres varient largement selon les tranches d’âge, avec toutefois une tendance nette : plus le consommateur est jeune et plus la probabilité qu’il passe par le marché noir est importante. Selon Statistique Canada, ce chiffre tournait ainsi aux alentours de 60% chez les 15/24 ans un an après la légalisation, au troisième trimestre 2019. Selon la SQDC, ces chiffres atteindraient 80% au Québec.

Plusieurs raisons expliquent ces chiffres. Globalement les consommateurs de marijuana reconnaissent des avantages aux boutiques officielles. Les vendeurs connaissent bien les produits, qui sont par ailleurs de qualité et largement contrôlés. Pour autant, ces boutiques sont trop souvent en rupture de stock et pratiquent des prix plus élevés que chez les dealers non-autorisés. Toujours selon Statistique Canada, le prix moyen au gramme sur le marché légal est ainsi de 10,23 dollars canadiens, contre 5,59 CAD sur le marché noir. Une différence de prix qui s’explique notamment par un processus de sécurité sanitaire strict et coûteux.

L’État dépend de ses fournisseurs pour produire davantage et l’offre ne parvient pour l’instant pas à satisfaire la demande. Toronto (Ontario), première ville du Canada par sa taille, a par exemple dû attendre 6 mois après la légalisation pour voir ouvrir ses deux premières boutiques dédiées à la vente de cannabis légal.

Profits liés à la légalisation du cannabis au Canada

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La légalisation du cannabis au Canada entraîne l’apparition de nouveaux produits dérivés

Le gouvernement est, dans les esprits, le premier bénéficiaire de la légalisation du cannabis au Canada. Pour autant, ce sont certainement les places de marché qui en tirent les principaux profits. Le secteur cannabique représentait 500 millions de dollars d’investissements en 2018. 5 à 10 milliards de dollars sont attendus d’ici à 2025.

Les joints, mode de consommation historique de la marijuana, sont loin d’être la seule cible des industriels. Toute une nouvelle gamme de produits dérivés font ainsi leur apparition sur le marché, des désormais habituels cosmétiques CBD jusqu’aux boissons, en passant par la très porteuse industrie alimentaire. Le cannabis se retrouve ainsi de plus en plus dans nos assiettes, nos barres chocolatées ou nos glaces. Ces produits nouvelle génération font déjà fureur aux États-Unis et ne manqueront pas de s’étendre progressivement au Canada ainsi que dans tous les pays assouplissant leurs lois.

Effets de la dépénalisation sur la criminalité et la sécurité

La consommation de cannabis a beau être légale au Canada, le secteur cannabique continue cependant d’être strictement encadré par la loi. Le Gouvernement canadien s’appuie ainsi sur une cadre juridique strict, détaillant notamment les différences selon les provinces et territoires, ainsi que les dispositions législatives relatives à la conduite.

Des unités de police spéciales ont ainsi été formées au dépistage des conducteurs. À l’heure actuelle, aucune augmentation notable des crimes ou délits liés au cannabis n’a cependant été constatée. La légalisation n’aurait par ailleurs attiré que 4% de nouveaux consommateurs.

Du côté de la loi, les peines de prison peuvent désormais aller jusqu’à 14 ans pour les trafiquants, contre 3 ans avant la dépénalisation. En conséquence, les risques pour certains dealers sont désormais trop hauts à assumer par rapport aux profits. L’alourdissement des peines, associé à la crainte de voir leur business s’effondrer avec le développement du marché légal, les encourage donc à se tourner vers d’autres produits. Leurs effets sur la santé sont pourtant bien plus dangereux. C’est le cas, notamment, de la cocaïne.

Seul l’avenir permettra de tirer des conclusions sur les effets de la légalisation du cannabis au Canada. Pour autant, si la criminalité et la consommation n’ont pas sensiblement augmenté, la lourdeur des sanctions désormais infligées aux trafiquants pourrait bien confirmer un premier effet pervers.

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